Vaccination : Une progression discontinue et des dynamiques très diverses à l’échelle du territoire

La campagne de vaccination contre la covid-19, qui a débuté le 27 décembre 2020, constitue aujourd’hui un levier majeur pour sortir de la crise sanitaire qui touche la France depuis plus d’un an. Alors que 4,6% de la population est pleinement immunisée (deux doses), les Départements continuent à jouer pleinement leur rôle de chefs de file des solidarités, en mettant à disposition leurs services et leurs équipements pour faciliter l’accès des plus fragiles aux centres de vaccination. Mais les disparités dans le déploiement de la vaccination continuent de se creuser entre les territoires, à l’heure où de nombreux Départements sont touchés de plein fouet par une nouvelle vague épidémique et que le confinement est généralisé. L’ADF propose ici un tour d’horizon de l’avancée de la vaccination à l’échelle départementale, en se basant sur les données mises à dispositions depuis plusieurs semaines par Santé Publique France.

Evolution de la couverture vaccinale des différentes populations (mois de mars 2021)

Depuis le début du mois de mars, la vaccination a connu une nette montée en puissance par rapport aux premières semaines d’ouverture à certaines populations cibles (résidents en EHPAD, plus de 75 ans, personnel soignant…), avec plus de 12% de la population ayant aujourd’hui reçu au moins une dose. Le nombre de doses supplémentaires injectées hebdomadairement est supérieur à 20% depuis maintenant plus de trois semaines, alors que la part hebdomadaire supplémentaire de la population ayant reçu au moins une dose a plus que doublé. Mais cette progression est loin de suivre une évolution linéaire, l’exemple le plus probant étant certainement la suspension, du 16 au 18 mars dernier, des injections du vaccin Astra Zeneca, qui a entraîné une baisse du rythme de vaccination importante. Ce type d’évènement montre bien que la vitesse de vaccination demeure une donnée fragile, directement dépendante des livraisons de vaccins et des modes de distribution par les ARS et les laboratoires fournisseurs entre les différents Départements. La résilience du dispositif de vaccination face à ces aléas est rendue plus difficile par un manque d’information et de clarté sur la stratégie de vaccination à l’échelle nationale, qui a été notifié par l’AMF, Régions de France et l’ADF dès le 25 janvier dernier dans un communiqué commun de #TerritoiresUnis.

On observe par ailleurs que les disparités dans le déploiement et la vitesse de cette campagne de vaccination entre les Départements s’accentuent au fil des semaines, faisant craindre une immunisation de la population à plusieurs vitesses. Ainsi, l’écart-type de la couverture vaccinale de la population générale, c’est-à-dire la différence moyenne entre la couverture dans chaque Département et la moyenne nationale, a presque doublé depuis le 4 mars, passant d’1,5 à 2,9.

Ces disparités sont particulièrement visibles entre les Départements ruraux et à faible densité, qui connaissent une couverture vaccinale plus importante, et les Départements plus urbains et denses, accueillant des métropoles importantes (Île-de-France, Rhône, Loire-Atlantique…), qui connaissent un « décalage » plus net. En effet, même si une dynamique de « rattrapage » a pu être observée, notamment dans les Départements où la situation sanitaire a été rapidement préoccupante (Nord, Pas-de-Calais, Moselle, Alpes-Maritimes…), la couverture vaccinale de certains Départements ruraux (Corrèze, Cantal, Haute-Loire, Hautes-Pyrénées…) reste presque deux fois plus élevée que dans les Départements les moins « avancés » dans la vaccination.

Deux facteurs peuvent en partie expliquer cette situation : d’abord, les Départements majoritairement ruraux ont une population globalement plus âgée que les Départements urbains, ce qui accroît statistiquement le nombre de personnes éligibles à la vaccination ; ensuite, le mode de déploiement de la vaccination semble connaître d’importantes différences entre les Départements. En effet, les Départements urbains voient leur courbe de vaccination évoluer par paliers successifs et distincts, connaissant les plus importants écarts dans les chiffres de la vaccination d’une semaine à l’autre. Une population plus importante, qui nécessite des livraisons de vaccins massives, et le développement de centres de vaccination de grande ampleur, notamment le week-end, peuvent en partie expliquer cet accroissement non-linéaire. Au contraire, les Départements ruraux connaissent une courbe de vaccination plus lisse, avec une augmentation relativement constante d’une semaine à l’autre, signe d’un développement plus territorialisé de la vaccination, dont les Conseils Départementaux sont des acteurs majeurs (mises en place de navettes entre les lieux les plus isolés et les centres de vaccination, bus vaccinaux, accompagnement des plus fragiles…).

La vaccination des résidents en EHPAD, public prioritaire pour qui la vaccination a été ouverte dès la fin du mois de décembre, connaît quant à elle un rythme de vaccination plus faible mais relativement constant depuis le début de la campagne, faisant espérer une couverture vaccinale complète (première dose) dans les prochaines semaines en métropole. En effet, tous les Départements ont atteint le pallier de 70% de résidents en hébergement spécialisé ayant reçu une première dose, et 24 Départements ont atteint une couverture vaccinale de 100% au cours des dernières semaines. La Savoie est à ce jour le seul territoire a avoir atteint une couverture complète (deux doses pour l’ensemble des résidents en EHPAD).

Enfin, notons que les Départements d’outremer connaissent depuis le début de la campagne de vaccination une couverture nettement moins élevée, avec moins de 3% de la population ayant reçu une première dose en moyenne. Même si plusieurs difficultés logistiques ont été surmontées, notamment dans l’acheminement et la conservation des doses, le rythme de la vaccination reste relativement faible dans ces territoires.

La stratégie nationale de vaccination se déploie donc différemment à l’échelle de chaque Département. Les collectivités, qui jouent un rôle central dans cette stratégie, doivent bénéficier d’informations et de données claires, notamment sur les stocks et livraisons (effectuées ou prévisionnelles) des doses de vaccin, qui influent très fortement sur le rythme d’injection dans les centres de vaccination et chez les médecins et pharmaciens. C’est dans cette perspective que l’ADF a adressé plusieurs courriers au Premier Ministre, dans le but d’éclairer les élus locaux sur l’avancée de la campagne dans chaque territoire, alors que l’espoir des Français de sortir de la crise dépend directement de cette généralisation de l’accès aux vaccins…

Retrouvez toutes les cartes et les données de la vaccination par type de population sur le site internet de l’ADF : https://www.departements.fr/cartographies-departementales-de-vaccination-2/

 

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