Les SDIS, politiques volontaires
Le 122ème Congrès national des sapeurs-pompiers de France s’est déroulé du 23 au 26 septembre dernier à Agen. A cette occasion, Dominique Bussereau, Président de l’ADF, a salué le travail accompli par les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Il a également souligné à la tribune la nécessité de « trouver des solutions » pour faire face aux difficultés financières des Départements. Des solutions passant à la fois par des engagements nationaux en faveur des politiques territoriales d’incendie et de secours, et des réponses innovantes apportées au niveau local, parmi lesquelles la mutualisation.
Au lendemain du vote sur la réforme territoriale, la gestion administrative et financière des SDIS reste de compétence départementale, le commandement opérationnel étant assuré par le Préfet. La départementalisation des SDIS a montré sa pertinence à une échelle territoriale permettant une proximité avec les maires et une capacité à organiser la localisation des services d’incendie et de secours.
Cette politique est aujourd’hui confrontée à plusieurs enjeux directement liés aux évolutions de la société et aux difficultés budgétaires. Les dossiers cristallisant l’attention en matière de sécurité civile concernent principalement la dynamique du volontariat (ils sont quelques 193 000 à officier à ce jour sur le territoire français), les attentes toujours plus fortes de la population vis-à-vis des pompiers, la coordination des secours, la réorganisation territoriale et la crise des finances publiques.
Repenser l’organisation pour optimiser les moyens, développer des coopérations et des mutualisations, tels sont les moyens d’actions des SDIS pour pallier les contraintes budgétaires, dans une démarche de complémentarité entre acteurs. Dans ce contexte, la mutualisation présente un réel intérêt économique, que ne manquera pas de mettre en avant une enquête lancée prochainement par l’ADF : une mutualisation encouragée entre le SDIS et le Département sur les moyens de fonctionnement, mais également entre les différents SDIS en partageant des moyens opérationnels (équipements, outils d’alerte…).
La réussite de la démarche nécessite un véritable travail collaboratif entre les acteurs de l’urgence, qu’ils relèvent de l’Etat, des collectivités ou des hôpitaux, aux côtés des sapeurs-pompiers : « la gouvernance de la politique de sécurité civile a besoin d’évoluer dans un sens plus équilibré et partenarial entre les Départements, le bloc communal / intercommunal et l’État » rappelait le colonel Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, dans son allocution lors du Congrès. La création du Comité des financeurs entre le ministère de l’Intérieur, l’AMF et l’ADF constitue un signe encourageant pour la progression du dispositif, en complément de la nouvelle Conférence Nationale des Services d’Incendie et de Secours présidée par Olivier Richefou, Président du Département de la Mayenne. Les Présidents de l’ADF, l’AMF et le Ministre de l’intérieur ont également signé le 29 septembre un engagement tripartite pour la consolidation et la valorisation du modèle français de sécurité civile.
Parmi les propositions émises lors du Congrès figure la mise en place d’un numéro et un centre d’appel unique pour tous les numéros d’urgences. L’objectif serait de clarifier le système vis-à-vis des citoyens qui se perdent dans la horde de numéros existants, et d’économiser 100 millions d’euros par an dans la gestion des centres de réception d’appel. La Haute-Savoie a d’ores et déjà expérimenté avec succès une plateforme commune de numéros d’urgence, gagnant ainsi en efficacité en matière de prise d’appel et d’engagement effectif des moyens de secours.
D’autres Départements se sont mobilisés pour améliorer la réponse opérationnelle des secours : les Landes ont par exemple innové dans la lutte contre les incendies par la géolocalisation, via un système de vidéosurveillance pour détecter les départs de feu et l’expérimentation d’un drone. La Haute-Loire avait obtenu le prix de l’innovation 2014 en déployant des GPS adaptés dans le cadre de leurs missions, permettant ainsi de géolocaliser les lieux d’intervention et optimiser les itinéraires.
L’ADF et les Départements poursuivront dans les prochains mois leur engagement aux côtés des SDIS pour mener à bien ces réflexions et expérimentations sur les territoires.