Heureux comme un Danois

La route fut longue jusqu’au Danemark, mais elle en valait la peine. « Le Tour c’est 3500 km de sourire » a pour habitude de répéter son patron, Christian Prudhomme. Cette année, ça a commencé dès Copenhague. Rarement par le passé, la Grande Boucle n’avait suscité un tel engouement, loin des frontières de l’Hexagone. Cette 3ème étape de 182 km entre Vejle et Sonderborg n’y a pas échappé. Les équipes de Départements de France en redemandent !

Chaque année, le Danemark est sur le podium des pays les plus heureux au monde. En 2022, seule la Finlande fait mieux. Mais comment expliquer ce bonheur dans un pays réputé pour sa pluviométrie élevée et son manque de luminosité la moitié de l’année ? La réponse est d’abord à chercher du côté de la confiance. Selon une récente étude, les Danois ont le taux de confiance le plus élevé au monde. Confiance en leur entourage. Confiance en leurs institutions. Le Danemark est aussi l’un des pays les moins corrompus de la planète. Mentir ou tricher n’est pas dans les habitudes. La solidarité, l’autonomie et le respect font en revanche partie des valeurs enseignées dès le plus jeune âge.

La confiance règne !

Respect que l’on retrouve aux bords des routes. Les Danois sont venus en nombre durant ces trois jours d’étape. D’abord à Copenhague, sous la pluie battante, puis entre Roskilde et Nyborg, et enfin aujourd’hui sur la route de Vejle à Sonderborg, non loin de la frontière allemande. Normal, la fête a été repoussé d’un an à cause de ce satané covid ! Du temps perdu que les Danois ont su rattraper ! À croire que rien d’autre n’a compté ces 72 dernières heures. L’intégralité du pays semblait s’être postée le long du tracé pour suivre le Tour de France, tant attendu. Et pourtant, pas le moindre gendarme pour encadrer tout ce beau monde, ni le moindre débordement. Les Danois savent s’amuser et faire la fête… tout en restant disciplinés.

La fièvre jaune

Durant trois jours ils ont animé le bord des routes et nos trajets avec. Ils ont prouvé qu’ils avaient la fièvre jaune dans le sang ! Un simple coup de klaxon suffisait à déclencher des cris, des chants, des agitations de mains et de drapeaux. L’expérience danoise valait bien le coup de parcourir plus de 1200 km depuis Paris ! Car ce qu’on a découvert sur place fut au-delà de nos attentes. Ce sont presque toutes les maisons et tous les jardins du pays qui se sont bariolés aux couleurs du Tour. Parfois, même les animaux se sont retrouvés affublés du maillot à pois, celui du meilleur grimpeur. Sans oublier les banderoles et les vélos fleurissant de partout, comme autant de déclarations d’amour à la célèbre course cycliste.

Une ambiance de folie cohabitant parfaitement avec la plénitude ambiante. Y compris au milieu des tours de Vejle, surnommées « The Wave » – la vague – en raison de leur forme. Rien de glamour au premier coup d’œil et pourtant le charme opère. Le soleil brille haut dans le ciel, les bateaux et les yachts ont été briqués. Ils sont garés dans le port de plaisance de la ville, départ de cette troisième et dernière étape au Danemark.
C’est dans cette ambiance marine que le peloton s’est élancé, avant de filer vers l’intérieur des terres, en direction d’un terrain plus vallonné. Le Danemark nous a offert aujourd’hui ses premières côtes, légères, de catégorie 4, sa jolie ville de Christiansfeld, et son front de mer coloré, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, et une fois encore, le charme a opéré. On aurait voulu en profiter davantage mais déjà Sonderborg pointait le bout de son nez, aux portes de l’Allemagne.

On retiendra que le Danemark réussit non pas aux Allemands, mais aux Néerlandais. Après Fabio Jakobsen, Dylan Groenewegen s’est adjugé la victoire d’étape. La tunique jaune, elle, reste en Belgique, chez Wout van Aert.
Quant à l’expérience la plus septentrionale du Tour, elle a un goût de revenez-y. Pour nos équipes, l’heure du retour en France a sonné. Demain, une longue journée de transfert nous attend.

Partager l'article