Explication finale à Rocamadour

Comme lorsque les vacances d’été touchent à leur fin, le doux parfum de la nostalgie commence à gagner le Tour. Il y a ceux qui ont hâte de rentrer, lassés par le rythme effréné et par un quotidien devenu routinier. Ceux qui carburent à l’adrénaline et ne veulent pas que l’aventure s’arrête. Et puis ceux qui ressentent un peu tout ça à la fois, au point d’avoir du mal à se concentrer sur la course. En cette veille d’arrivée sur les Champs-Elysées, la petite reine a vécu son deuxième contre-la-montre, après l’inaugural à Copenhague. 40,7km à parcourir le plus vite possible entre Lacapelle-Marival et Rocamadour dans le Lot. Un final vertical et majestueux en forme de pèlerinage pour les coureurs du Tour de France. Même si les enjeux étaient moindres.

Le Département l’avait annoncé : le Lot, c’est bien plus qu’une étape. Oublié de la Grande Boucle depuis près de 15 ans, il a donc mis le paquet à Lacapelle-Marival. Comme Castelnau-Magnoac hier, le village d’environ 1 300 habitants peut désormais se targuer d’appartenir à la grande famille du Tour de France. Une première dont il se souviendra. Pour l’occasion, son imposant château trônant au centre du village, a enfilé le maillot jaune par-dessus ses vieilles pierres. Dans la chaleur du mois de juillet, il semblait comme assoupi. A contrario des visiteurs d’un jour au village départ, situé à quelques centaines de mètres de là. Pour eux, pas de nostalgie, mais l’enthousiasme enivrant de la découverte. Sous un soleil de plomb, ils n’ont pas hésité à pédaler aussi vite que les coureurs. Il faut dire que l’enjeu était de taille. Mieux qu’un maillot jaune, il y avait un smoothie fruité à la clé.

Tout en le sirotant, ils pouvaient tranquillement regarder le contre-la-montre du jour, retransmis en direct à la télévision du village. Presque déjà joué d’avance, il y avait tout de même quelques places d’honneur à aller chercher sur ce tracé de 40,7 km, roulant et technique à la fois, avec un final rugueux sur 8km jusqu’à l’arrivée finale à Rocamadour. Le village, souvent cité comme l’un des préférés des Français, est accroché à flanc de falaise. Au Moyen Âge, les pèlerins y venaient pour implorer la vierge noire dans la chapelle Notre-Dame du sanctuaire. Petite par la taille – 76 cm – mais grande par l’esprit ou plutôt le Saint-Esprit… Depuis 1172, elle a été témoin d’un nombre incroyable de miracles, tous consignés par un moine limousin dans « le livre des miracles ». Evidemment ces derniers se méritaient. Pour espérer pouvoir en bénéficier, les pèlerins devaient grimper un escalier de 216 marches à genoux, en récitant une prière à chaque fois.

Van Aert s’illustre

La vierge noire était aujourd’hui aux premières loges donc. Mais sous ses yeux bienveillants, il n’y a pas eu de miracle. Les leaders ont tenu leur rang. Aucun outsider ne les a bousculés. On y a cru un temps avec Filippo Ganna qui a frappé un grand coup d’entrée de jeu. Mais l’Italien n’a pas fait le poids face au favori du jour : le Belge Wout van Aert. Le maillot vert, intouchable, s’est imposé à Rocamadour en 47 minutes et 59 secondes. Deuxième temps pour son coéquipier de la Jumbo-Visma, Jonas Vingegaard, toujours porteur du maillot jaune au général. Le Slovène Tadej Pogacar complète le podium. Demain retour à la case départ pour la dernière étape de cette 109ème édition du Tour de France. Sauf catastrophe, le Danois est quasi-assuré de son sacre sur la plus belle avenue du monde…

 

 

 

Partager l'article