Le lac d'Embrun au petit matin
Avant le contre-la-montre final de Marseille, dans lequel tout peut encore se jouer, la course emmenait les coureurs d’Embrun à Salon de Provence. Ancienne cité archiépiscopale juchée sur son roc dominant la Durance, Embrun avait constitué en 2013 le point de départ du contre-la-montre individuel de la 100e édition du Tour durant lequel Christopher Froome avait définitivement assis sa suprématie. La plus longue de ce Tour 2017 avec 222,5 km entre les Départements des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, a pris aujourd’hui des accents de Provence…
Avant de quitter définitivement les massifs montagneux, la course posait ses bagages à Embrun, la Nice des Alpes « Caussiennes », au bord du lac. Et pour ne pas donner tort aux statistiques affichant 300 jours de soleil par an, la pluie a rapidement laissé place au beau temps, idéal pour déguster les tartinades végétariennes apportées par Daphné Massot. Passionnée de bonne cuisine traditionnelle et de gastronomie, elle crée avec son mari en 2011, la conserverie Délices des Baronnies dans ce petit village des Hautes-Alpes, Le Saix. Ici, le temps passe au rythme du pas du montagnard ; on ne précipite pas les choses, on les laisse se parfaire en les bichonnant… Les produits sont sélectionnés avec soin, des viandes issues des animaux élevés localement, des producteurs consciencieusement choisis… un délice.
Mais il nous faut filer ! Comme en 2015 et sur l’étape de la veille, la course a ensuite emprunté les routes du bord du lac de Serre-Ponçon, dernier joyaux d’une semaine exceptionnelle dans les Hautes-Alpes. L’occasion de s’arrêter quelques instants sur une initiative conduite par le Département. Des bornes kilométriques ont été inaugurées le 14 juin dans le col de l’Izoard à l’occasion de la reconnaissance de la Course By Le Tour, en présence de Jean-Marie Bernard, Président du Département des Hautes-Alpes, Christian Prudhomme et Bernard Thévenet. Labellisés « Route du Tour », ces panneaux de signalisation à destination des cyclotouristes sont à la fois utiles et attractifs : ils permettent à chacun d’anticiper sur les difficultés de l’ascension, d’adapter les braquets et de gérer l’effort tout au long de la montée ! Ils constituent également un bon moyen d’illustrer l’histoire du Tour dans le Département, et d’attirer chaque année toujours plus de cyclotouristes désireux de se défier sur les pentes des cols empruntés par les plus grands noms du peloton. Ici la pratique du vélo s’est développée peut-être plus qu’ailleurs et grâce au Tour de France, par le biais d’opérations emblématiques comme la mise en place d’un schéma directeur des aménagements cyclables. L’Agence départementale du Tourisme (ADDT) a créé 20 itinéraires partagés et balisés pour favoriser la pratique sportive, et réservé 1 jour dans la semaine des cols aux cyclotouristes : ça roule dans les Hautes-Alpes !
Une fois basculé dans le Département des Alpes-de-Haute-Provence, les pinèdes, les champs de lavande et autres chants de cigales auront bercé le passage de la course et le travail des équipiers de l’ADF. Avec la plaine, changement de décor, retour des giratoires et des ilots directionnels. On n’était pas loin des records, et la journée des patrouilleurs a été bien chargée, avec en plus quelques balayages. L’équipe et le peloton ont essuyé quelques averses orageuses qui n’ont pas duré.
Une fois n’est pas coutume, les échappées ont été à la fête, comptant jusqu’à 9’45’’ d’avance sur le peloton. Le groupe d’une cinquantaine de coureurs se disloque mais maintient les écarts. Les français, pourtant nombreux à l’avant, ne parviennent pas à s’entendre pour signer une 5e victoire d’étape tricolore. Plus véloce au sprint, le norvégien Boasson Hagen sauve le Tour de l’équipe Dimension data décimée de son sprinter vedette Mark Cavendish à Vittel. Habituellement soumise au vent avec des routes larges, cette étape de transition n’aura pas provoqué ces fameuses bordures si souvent évoquées dans le sud-est, et qui auraient pu bouleverser le général. Au final, le seul classement à bouger est celui du maillot, le vainqueur du jour se plaçant derrière Matthews grâce aux points glanés sur cette 19e étape. Mais pour les maillots vert et à pois, la messe est dite : l’australien conservera sa tunique jusqu’à Paris, et Warren Barguil pourra défiler en rouge et blanc, venant combler dans le cœur des français une place occupée par un ancien détenteur du maillot… Richard Virenque.
Si le maillot jaune semble bien attaché sur les épaules de Chris Froome, le classement pour les deux autres marches du podium reste encore incertain… Romain Bardet réussira-t-il l’exploit face aux fusées de la Sky dans le pays de la Patrouille de France ? Espérons que le rappel des couleurs du maillot AG2R – La Mondiale et du fameux bleu et blanc cher à l’OM sera un bon présage pour Romain Bardet, et que la Bonne Mère l’entendra !