Echanges d’idées : le Labo Rural ouvre son « auberge numérique »

Après la création du Labo Rural et la publication d’un livre offensif, le président du conseil départemental de Haute-Saône Yves Krattinger poursuit son sillon en lançant une plateforme numérique d’échanges sur la ruralité. L’objectif : sortir des caricatures et présenter une image « audacieuse » des campagnes.

Un peu plus d’un an après sa création, le « Labo Rural » a lancé ce lundi 12 octobre une plateforme numérique (lelaborural-methode-audace.fr) pour raccourcir les distances entre ses différents contributeurs. Le Labo Rural anime des conférences et des groupes locaux partout en France, mais comme l’explique son président Yves Krattinger, également président du conseil départemental de la Haute-Saône, « la distance entre les uns et les autres est un frein important » pour ce cercle de réflexion qui réunit élus, techniciens de collectivités, universitaires ou journalistes convaincus de l’avenir de la ruralité.

Cette plateforme d’échange de « matière grise » poursuit le sillon creusé par l’ouvrage « Ruralités : stop ou encore » (Editions Atlande) coécrit par Yves Krattinger et Emmanuel Faivre, directeur général du Labo Rural, qui oscillait entre « coup de gueule » contre la vision parisienne de la ruralité et « 11 mesures chocs » pour enclencher de réels changements à très court terme, que ce soit le numérique partout, la couverture santé, le développement du covoiturage… Pour les auteurs, il faut « sortir du c’était mieux avant » et ne pas placer trop d’espoir dans un « plan Marshall » ou un « grenelle » de la ruralité. Mieux vaut trouver les ressorts d’un développement local endogène.

Douze thématiques

C’est dans cet esprit que s’inscrit la plateforme qui permettra de « voter » des propositions précises, de « consulter » des avis ouverts sur telle ou telle thématique et, bien sûr, de « contribuer » au débat. « A tout moment, il est possible de contribuer pour proposer de nouveaux sujets de travail ou réagir sur des sujets et ressources mises à disposition par le Labo Rural ou tout simplement faire état d’un questionnement en lien avec la ruralité », précise le « think tank », dans un communiqué. Pour prendre place dans cette « auberge rurale numérique », il suffit d’ouvrir un compte. Le site comporte douze thématiques de réflexion (ingénierie, mobilité, institutions, réciprocité urbain-rural, numérique, accès aux services publics, santé, tourisme…).

Dans la lignée des travaux du géographe Gérard-François Dumont, le Labo Rural reprend un thème cher au Parlement rural : la disparition depuis 2010, dans la méthodologie de l’Insee, des zones rurales reléguées au titre de simples « communes isolées hors influence des pôles ». Dans le cadre de l’Agenda rural, le gouvernement a demandé à l’Insee de réviser sa méthode pour ne plus voir le rural comme la négation de l’urbain. Après une année de crise des gilet jaunes qui a révélé les profondes fractures territoriales du pays, suivie d’une crise sanitaire qui a conforté l’envie de campagne de bien des Français, la ruralité mérite bien d’être remise à l’honneur.

 

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