Les Départements sensibles … aux Espaces naturels sensibles (ENS)

Depuis la publication du rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), en mai 2019 et la crise sanitaire liée à la Covid19, les enjeux en matière de préservation de la biodiversité sont plus que jamais une préoccupation majeure. Dans ce contexte, la politique en matière d’Espaces Naturels Sensibles (ENS) est un outil incontournable pour répondre au besoin de nature de la population et d’éducation à l’environnement. Les initiatives des Départements ne manquent pas. Zoom sur les politiques menées notamment en Guadeloupe, Mayotte, Seine-et-Marne ou encore dans la Manche, en marge des prochaines Assises ENS qui se tiennent aujourd’hui à Massy en Essonne.

La loi du 18 juillet 1985 a désigné les Départements comme collectivités compétentes pour la mise en œuvre de la politique des Espace naturels sensibles (ENS), ceci autour de deux objectifs : préserver la qualité des sites, des paysages, des milieux naturels et aménager ces espaces pour être ouverts au public.  Le 6 mai 2019, un rapport d’experts en matière de biodiversité et de services écosystémiques lançait l’alerte, affirmant que « la santé des écosystèmes dont nous dépendons, comme toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais » et que « un million d’espèces animales et végétales – soit une sur huit – risquent de disparaître à brève échéance ». Devant ce constat, les collectivités territoriales se sont lancées dans une course contre la montre environnementale.

Des outils sur mesure 

Les Départements disposent d’une palette d’outils pour mener leur politique ENS :

  • L’outil juridique ou le droit de préemption pour acquérir des espaces susceptibles de devenir des ENS ;
  • L’outil contractuel dont découlent les conventions de gestion, avec des propriétaires publics ou privés en vue de l’ouverture à tous ;
  • L’outil financier qui inclut la part départementale de la taxe d’aménagement destinée à financer les ENS.

Sur la base d’un état des lieux des richesses naturelles et paysagères, les Départements établissent un Schéma environnemental des espaces naturels sensibles (SDENS), définissant les orientations à court et à long terme. Par ce biais, l’Ille-et-Vilaine a par exemple adopté dès 2010 son Schéma pour une période de dix ans ; aujourd’hui, le Département compte 113 espaces couvrant plus de 4 000 hectares, destinés à traduire la stratégie bretillienne en faveur de la protection de la nature et des paysages.

Des ouvrages pour sensibiliser

Parmi les dernières initiatives départementales, citons Mayotte qui possède un patrimoine naturel exceptionnel. Mais le 101ème Département français connait aussi de grandes fragilités au niveau écologique et social : du fait de la forte densité de population, son écosystème naturel, par son taux élevé d’endémisme, est menacé. Aussi, en lien avec la Direction de l’environnement du développement durable et de l’énergie (DEDDE), le Département s’est saisi de ce problème en adoptant un SDENS pour la période 2018-2020. Dans son numéro de rentrée 2020, le magazine d’information « la Voix du Département » consacre ainsi tout un dossier à la biodiversité.

Le Président du Département mahorais, Soibahadine Ibrahim Ramadani, résume la question : « C’est un enjeu majeur si l’on veut anticiper les questions essentielles liées à la démographie, à la ressource en eau, à l’habitat ou aux transports, des questions qui ont des répercussions directes sur notre environnement de tous les jours ».

Quant à la Guadeloupe, la collectivité vient d’éditer un beau livre intitulé « Précieuse Guadeloupe ». Photos spectaculaires à l’appui, l’idée est de transmettre, notamment aux générations futures, les trésors des ENS dont le Département a la responsabilité.

Enfin, après une exposition à ciel ouvert dans les marais de Carentan, la Manche vient de mettre en ligne sur le site planete.manche.fr un guide de visites guidées gratuites dans les 26 ENS préservés, sur l’ensemble du Département.

Des rendez-vous à ne pas manquer

En partenariat avec l’ADF, les « Assises nationales de la biodiversité » se déroulent du 8 au 9 octobre 2020 à Massy, dans le Département de l’Essonne. Pour sa 10ème édition, le programme s’articulera autour de plusieurs thématiques telles que l’économie, l’agriculture, l’artificialisation (pertes des qualités qui sont celles des milieux naturels), la Trame verte et bleue (pour garantir la conservation des habitats naturels et l’écologie des masses d’eau) ou encore la nature en ville et l’impact de la crise sanitaire du Covid-19 dans l’écologie. En parallèle, se tiendront également les « 4ème Assises nationales des Espaces naturels sensibles » ainsi que le « Forum Biodiversité et économie » avec pour but de renforcer la mobilisation et l’engagement des acteurs économiques en faveur de la biodiversité. En marge de ces évènements majeurs, la Seine-et-Marne, véritable poumon vert de l’Ile-de-France, organise le 9 octobre des « Rencontres techniques départementales des espaces naturels sensibles », destinées aux communes accueillant un espace naturel sur leur territoire, ceci afin de les accompagner dans leur recherche de financement et sur la problématique des dépôts sauvages au sein des espaces préservés.

La préservation de la biodiversité sera d’ailleurs l’un des thèmes du prochain Congrès des Départements de France, à l’occasion d’une table ronde animée par Hermeline Malherbe, Présidente du Département des Pyrénées-Orientales et de la Commission Développement durable de l’ADF, le 5 novembre à La Rochelle. En présence d’élus et d’experts, les travaux traiteront des sujets d’aménagement du littoral et des dynamiques partenariales en matière de politique de préservation de la biodiversité. Un rendez-vous à ne pas manquer…

 

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