C’est un entretien de la ministre aux Échos du 17 décembre dernier, dévoilant les grandes lignes du texte (lire notre article), qui a mis le feu aux poudres. Jacqueline Gourault y faisait part de sa volonté d' »aller au bout de la décentralisation des routes nationales ». « Possibilité sera donnée – cela constituait une demande de certaines régions – d’avoir des routes d’intérêt régional », avançait-elle, en précisant que cette décentralisation « se fera à titre expérimental avec les régions intéressées, à partir de 2023 et pour cinq ans ». Les départements n’étaient toutefois pas complétement exclus de ce projet puisqu’elle ajoutait que ceux « qui le souhaitent pourront aussi récupérer des routes nationales pour compléter leur réseau dans une logique de cohérence des itinéraires ».
Si les signataires concèdent qu' »une majorité des départements a exprimé un avis favorable » à cette dernière possibilité, ils ne manquent pas de relayer les « interrogations et réticences » exprimées sur les conditions financières de ces transferts, « les crédits accordés par l’État à l’entretien de son patrimoine étant bien inférieurs à ceux que les départements consacrent aux leurs ».
En revanche, ils s’opposent catégoriquement « au projet de transfert vers un réseau d’intérêt régional qui, de surcroît, n’est pas demandé par Régions de France ». Les élus jugent que le département « est véritablement le bon échelon » pour exploiter ce réseau, arguant avoir démontré depuis quarante ans leur capacité et savoir-faire en la matière. Ils soulignent en outre que les régions « n’ont pas de services techniques opérationnels et de proximité » pour exploiter et développer de tels réseaux, pointant le « risque non négligeable d’inefficacité de la dépense publique ». Et pour finir, les signataires signalent à la ministre que l’ajout d’un nouvel acteur à l’exploitation, « déjà passablement complexe », des réseaux routiers « irait complétement à l’encontre de [son] objectif de ‘décomplexification' », qui constitue le 4e « D » du texte.