Retour sur les Ateliers des Départements de France dans le Lot-et-Garonne

Le 20 février dernier à Agen, le Département du Lot-et-Garonne et sa Présidente Sophie Borderie ont organisé dans le cadre de la série de rencontres intitulées «Les Ateliers des Départements de France», une journée intitulée : « Restauration collective : l’approvisionnement alimentaire de proximité et les circuits courts, l’exemple lot-et-garonnais, du 47 dans nos assiettes ». Près de 20 Départements et 40 communes ont participé à cette journée d’échanges approfondis sur l’alimentation et la proximité.

Le programme lancé par le Lot-et-Garonne, souvent qualifié de « jardin de la France », démontre le savoir-faire de ce Département rural en matière d’approvisionnement des collèges et des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Dès 2011, le Conseil départemental a développé le programme « Du 47 dans nos assiettes » pour soutenir l’agriculture locale en servant des repas équilibrés et de qualité à coût constant pour les familles, tout en privilégiant l’introduction de produits frais, locaux, et si possible bio.

Comme l’a souligné au cours de cette journée Françoise de Roffignac, Vice-présidente du Département de la Charente-Maritime et représentante de l’ADF au Conseil national de la restauration collective, lorsque les collectivités se lancent dans une démarche d’amélioration de l’alimentation, il faut que « les différentes parties du système alimentaire soient dynamisées en même temps ».

Le Lot-et-Garonne a créé un groupement d’achat départemental (également accessible aux lycées et mairies le souhaitant) dont le principe est le suivant : les collèges font remonter leurs besoins pour l’année et le groupement lance des appels d’offres intégrant divers critères de qualité et de coût. Ils tiennent compte des possibilités des producteurs et des entreprises locales qui peuvent ainsi proposer leurs productions et concourir pour être référencés. Toute la chaîne, du producteur à l’élève consommateur, est ainsi traitée.

Bruno Marassé, gérant d’une entreprise de viandes et charcuterie en gros, met cependant en garde : « le groupement d’achat ne doit pas être trop important au risque que les petits producteurs ne puissent plus répondre aux appels d’offre. Le bon échelon, c’est vraiment le Département ».

Si au début, la démarche a demandé beaucoup de concertation et de temps pour changer les habitudes de consommation des enfants et de la collecte alimentaire, le travail a porté ses fruits de manière considérable : l’évolution concernant l’utilisation de produits frais dans les collèges est passée de 40 % en 2013 à 70 % en 2018 et à 100% en 2019.

Ce programme permet en plus de lutter contre le gaspillage alimentaire : les produits frais assurent une meilleure tenue à la cuisson, une adaptation des portions servies aux collégiens et surtout, une qualité gustative qui donne envie de finir son assiette ! Et le système est vertueux : en luttant contre le gaspillage alimentaire, les économies réalisées permettent de financer des produits de meilleure qualité tout en maintenant le coût pour les familles.

D’autres éléments ont été soulignés durant cette présentation : la mobilisation des cuisiniers des collèges, le rôle primordial de Philippe Huvé, chef du service « restauration collective » au Conseil départemental et interlocuteur privilégié des producteurs locaux, et le service communication du Département, qui a su valoriser le travail de tous les acteurs de cette chaîne alimentaire.

« Un des ingrédients de la réussite a été la mise en place d’une sécurisation et une garantie des prix au profit des producteurs locaux engagés dans cette démarche » a souligné Nathalie Corade, Economiste et Maître de conférences à l’Université de Bordeaux. Il s’agit, en effet, pour le Conseil départemental de soutenir les agriculteurs locaux, ainsi que le patrimoine gastronomique et paysager du territoire.

Le Département du Lot-et-Garonne franchit donc une nouvelle étape cette année, en instaurant cette initiative dans les EHPAD, défi ambitieux car il s’agit de fournir chaque repas de la journée, 7 jours sur 7, avec des critères de consommation à adapter. Cette démarche est d’autant plus importante pour ce public car « bien manger, c’est donner du plaisir » a souligné Guillaume Barbosa, Directeur d’EHPAD.

Dans l’ensemble des territoires, les expériences valorisant l’alimentation de proximité se multiplient. La présence de nombreuses autres collectivités, avec chacune leurs méthodes, leurs objectifs et leurs caractéristiques géographiques, démontre cette dynamique. Sophie Borderie l’a bien résumé « l’intelligence des territoires cumulée est plus efficiente qu’un cadre unique national ». Une phrase qui inspire à l’heure de la préparation du projet de loi 3D à venir…

 

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