Les pompiers à grande échelle

En France, les soldats du feu interviennent toutes les sept secondes pour des missions de secours. Un nombre d’interventions qui nécessite une organisation millimétrée pour les optimiser. Par leurs compétences, les Départements sont des acteurs majeurs du fonctionnement des services d’incendie et de secours.

Les Départements au cœur des pompiers

Dans un souci d’optimisation et de renforcement des moyens, l’organisation des services d’incendie et de secours a été départementalisée en 1996. Les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS), dont le conseil d’administration est dirigé par un élu du Département, se répartissent les 246 900 pompiers de France entre le statut de fonctionnaires territoriaux et les trois grandes catégories de sapeurs-pompiers :

  • 193 700 sapeurs-pompiers volontaires (SPV);
  • 41 000 sapeurs-pompiers professionnels (SPP);
  • 12 200 sapeurs-pompiers militaires*.

*La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) et du Bataillon des marins pompiers de Marseille (BMPM) relèvent du Ministère de la Défense (pour l’administration) et sont mis à disposition du ministère de l’Intérieur, des Préfets de police de Paris et de Marseille


Un budget important

Avec un budget de 4,42 milliards d’euros, le financement des SDIS est supporté pour près de 60% par les Départements. Depuis de nombreuses années, ils réalisent des investissements lourds tels que :

  • La modernisation des infrastructures, du matériel et des véhicules d’intervention ;
  • Le financement des dépenses courantes liées à l’augmentation constante des charges de personnels (67% du budget des SDIS) et des nouvelles normes imposées unilatéralement par l’Etat.

 

« Au feu les pompiers… »

Plus forcément vrai car, dans les faits, les sapeurs-pompiers interviennent à 77% pour les secours à la personne. Une activité qui a progressé de 15% alors même que les autres opérations menées par les SDIS n’ont cessé de diminuer.

Cette augmentation est en lien direct avec la désertification médicale  dans les territoires ruraux : le manque de médecins a pour conséquence une sollicitation accrue des SDIS.

Afin de lutter contre les abus et amortir le coût d’une intervention, des mesures sont envisagées :

  • La mise en place d’une grille tarifaire SDIS pour les interventions non-urgentes. Recommandée dans un rapport de la Cour des Comptes, en 2011, cette mesure consiste à faire participer les particuliers lorsqu’il s’agit d’une mission facultative ;
  • La création d’un numéro d’appel unique et la mise en place d’un système de plateformes communes entre les pompiers et SAMU.

Une coopération départementale

Avec la baisse des dotations de l’Etat et la participation des communes et intercommunalités plafonnée à l’inflation, les Départements doivent trouver des solutions innovantes pour rester performants et au plus près des besoins de la population.

Les Départements ont mis en place un certain nombre de mesures de réduction des coûts, notamment par le biais de mutualisations soit entre Département, intercommunalités et SDIS ou entre SDIS voisins.

Ces mutualisations permettent plusieurs axes de coopérations comme le groupement d’achats et de commandes, la mutualisation pour la gestion des bâtiments, notamment les centres d’intervention et de secours, une mutualisation des moyens opérationnels, des écoles de formation et des équipes opérationnelles spécialisées.

L’objectif est double : réduire le coût de fonctionnement, mais aussi améliorer les interventions. (Voir « 3 questions à Olivier Richefou » à la fin de l’article)

Redynamiser le volontariat

Aujourd’hui, les pompiers volontaires représentent les trois quarts de l’effectif des SDIS. Cependant, les demandes d’engagement diminuent d’année en année, notamment pour des raisons de disponibilité et de contraintes de sélection et de formation.

L’Etat, les collectivités territoriales et les SDIS ont signé un engagement pour le volontariat lors du Congrès national des sapeurs-pompiers qui s’est déroulé à Chambéry en 2013.

Toute une série de mesures incitatives ont été prises, notamment :

  • Simplification des conditions d’aptitude ;
  • Signature de conventions-cadres avec des employeurs du secteur public comme privé pour faciliter la disponibilité des SPV ;
  • Accès prioritaire des SPV aux logements sociaux proches de leur caserne ;
  • Faciliter l’insertion professionnelle des SPV.

Enfin, deux grandes campagnes de communication, « Adoptons Les Comportements Qui Sauvent » (voir article de l’ADF sur la campagne de communication) et « Sapeur-pompier + volontaire = moi aussi », ont été lancées sur tout le territoire afin de sensibiliser le grand public et d’attirer de nouveaux bénévoles.

Tout feu, tout flamme vers le digital 

Depuis quelques années, de nombreux SDIS développent en interne et partagent des applications innovantes qui permettent d’offrir de nouvelles possibilités pour les pompiers.

  • Le Pas-de-Calais a ouvert la voie en 2009 en développant l’application web, « Prevarisc ». Elle permet de gérer le service prévention d’un SDIS en recensant, notamment, les informations clés sur les établissements recevant du public (ERP) pour assurer des interventions optimales et rapides.
  • Le Pas-de-Calais a, par ailleurs, développé « Mobilcos » pour prévenir instantanément et simultanément un grand nombre de cadres officiers en cas d’intervention d’envergure.
  • Les SDIS du Morbihan et du Var ont lancé une application d’appel d’urgence, « Geoloc 18-112», qui permet de retrouver des victimes incapables d’indiquer leur position aux secouristes. Depuis, cet outil est utilisé par 70 SDIS.
  • Le Var, toujours, a mis en place « Remocra », une plateforme qui permet de gérer les risques en échangeant, entre SDIS, des informations de leurs partenaires institutionnels de façon simplifiée et collaborative.
  • La dernière innovation en date est vendéenne : l’ambulance connectée ! Ces ambulances dernière génération permettent de gagner du temps, d’améliorer l’efficacité des interventions ainsi que la prise en charge des patients. Équipés de tablettes tactiles connectées à Internet, ces véhicules de secours peuvent envoyer en temps réel les données administratives et médicales des personnes malades ou blessées. Après quatre ans d’études et de mise au point, les premières ambulances connectées viennent d’être livrées. D’ici la fin de l’année 2017, une centaine devrait circuler sur les routes de France…

 

3 questions à Olivier RICHEFOU, Président du Conseil départemental de la Mayenne et de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS)

1-  Qu’est-ce que la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS) ?

La loi de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004 a créé la conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS). C’est une instance de dialogue qui émet des avis et qui rassemble l’ensemble des acteurs intervenant dans l’organisation de l’activité des sapeurs-pompiers. Elle est composée de représentants de L’État, de parlementaires, d’élus départementaux et communaux, de représentants des organisations syndicales de sapeurs-pompiers professionnels et de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.

La CNSIS est consultée sur les projets de loi et actes réglementaires relatifs aux missions, à l’organisation, au fonctionnement ou au financement des services d’incendie et de secours. Depuis que j’ai pris la présidence de cette instance, en septembre 2015, j’ai aussi souhaité qu’on puisse ouvrir le dialogue sur des sujets qui font l’actualité des SDIS.

2-  En quoi les dossiers étudiés ont une répercussion directe sur la qualité des secours pour les citoyens français ?

A titre d’exemple, la CNSIS émet des avis sur les évolutions des contenus de formations des sapeurs-pompiers, afin de les rendre plus cohérentes avec les besoins en termes d’efficience des secours. Autre exemple, à partir de 2018, tous les nouveaux véhicules devront être équipés du système « eCall », qui compose automatiquement le 112 en cas d’accident grave et facilite la géolocalisation par les forces de secours. L’objectif est de réduire le nombre de morts sur les routes. La CNSIS a ainsi évalué les enjeux de la généralisation du dispositif « eCall » pour les services d’incendie et de secours, indispensable à la réussite de ce nouveau système. Plus globalement, les évolutions concernant l’organisation des services d’incendie et de secours et discutées au sein de cette instance ont pour objet d’améliorer la cohérence de la politique nationale de sécurité civile, au service de la protection des citoyens.

3-  Plus généralement, quel est pour vous l’enjeu majeur auquel sont confrontés les élus pour la gestion et l’administration des services d’incendie et de secours ?

Les Départements sont aujourd’hui les premiers financeurs des services d’incendie et de secours, toutes dépenses nouvelles en la matière leur incombent. Or ils sont confrontés à des situations budgétaires très contraintes. Afin de garantir la qualité des secours aux citoyens français, et son amélioration constante, nous travaillons à des mutualisations entre les SDIS et les Conseils départementaux d’une part, et entre SDIS d’autre part. Ces mutualisations permettent des économies d’échelles importantes et peuvent prendre différentes formes : groupements d’achats, équipes spécialisées et équipements spécifiques partagés. Cette situation budgétaire, que nous subissons, nous incite à innover, et à développer des partenariats nouveaux.

 

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