Etape 20 : La Planche entre un peu plus dans la légende

Quand Yves Krattinger, Président du Département de la Haute-Saône, propose à Christian Prudhomme, dix ans plus tôt, de faire arriver le Tour à la Planche des Belles Filles, personne ne se doutait que cette petite station du Ballon des Vosges deviendrait aussi grande. « T’es un grand », criait Marc Madiot à son poulain du 70. Le scénario incroyable offert par le contre-la-montre du jour, dans un final insoutenable qui a totalement chamboulé le podium, en fait aujourd’hui un Géant !

Haute-Saône, la course en tête

Prise de pouvoir la veille de l’arrivée sur les Champs-Elysées. Le podium du Tour de France est renversé. On n’avait pas vécu tel scénario depuis la grande époque du cyclisme et ce duel d’anthologie en 1989 entre Fignon et LeMond, perdu par le Français pour 8 petites secondes entre Versailles et Paris. C’est aujourd’hui une bataille entre Slovènes qui a dynamité la course. Un combat que l’on pensait déjà joué depuis les Alpes… mais le cyclisme moderne peut aussi réserver des surprises, et celle-ci est de taille !!

Au cœur du Parc National du Ballon des Vosges, à deux pas du Plateau des Mille étangs, la Haute-Saône s’est réveillée avec plus de spectateurs au m² qu’une plage landaise en plein été. Ils étaient nombreux les supporters de Thibaut Pinot à s’être donné rendez-vous près de la rampe de départ à Lure et surtout à Mélisey où réside le haut-saônois, pour encourager l’enfant du pays. Fumigènes, drapeaux, peintures au sol, tous voulaient saluer le courage de celui qui, après une chute lors de la première étape à Nice, a baladé pendant trois semaines son mal de dos pour avoir la joie de vivre « son » étape, chez lui, adulé sur ses routes d’entraînement.

36,2 km de suspense

C’est pourtant un autre français qui s’est fait remarquer sur les pentes de la Planche. Rémi Cavagna, le TGV de Clermont-Ferrand, a déployé toute sa puissance et marqué au fer bleu blanc rouge ce contre-la-montre. Pendant plusieurs heures, le jeune Auvergnat a détenu le temps de référence, parmi les rares coureurs à descendre sous l’heure, avant que les cadors ne viennent remettre en cause sa suprématie. Dépossédé un temps de sa première place par Wout Van Aert, le chrono de la Planche allait alors prendre un tout autre tournant, rythmé par un suspense à tous les étages : le Maillot Vert parviendra-t-il à rentrer dans les délais ? Carapaz sauvera-t-il son Maillot à pois ? le Maillot Jaune changera-t-il d’épaule ?

Avec 57 secondes d’avance sur son dauphin au départ de l’étape, personne n’osait imaginer que Primoz Roglic perdrait le Tour au sommet de la Planche. Si Pogaçar est loin d’être un novice dans ce type d’exercice, comment envisager que le Maillot Jaune perdrait pied et que le jeune slovène, d’un coup d’éclat, comblerait un tel écart ? et pourtant, les statistiques parlaient pour lui : en quatre arrivées, le Maillot Jaune aura changé quatre fois d’épaule : Froome s’impose en 2012. En 2014 c’est au tour de Nibali et en 2017, Aru franchit la ligne en tête. Deux ans plus tard, Dylan Teuns l’emporte, et Julian Alaphilippe perd la tunique dorée au profit de l’italien Giulio Ciccone.

Cette année encore, la prophétie opère et au final, Pogaçar glane presque tout : l’étape, le Maillot Blanc du meilleur jeune, le Maillot à pois du meilleur grimpeur et surtout la précieuse tunique jaune. Il détrône ainsi Bernal, plus jeune vainqueur de l’Histoire du Tour en 2019 à tout juste 22 ans et 6 mois… le Slovène fêtera ses 22 ans lundi prochain, un sacré cadeau d’anniversaire !!

 

Partager l'article