Etape 15 : Les Slovènes, pharaons de la Pyramide de Bugey

Ultime étape avant la journée de repos, et quelle étape !! Partie de Lyon, au pied du stade Gerland, c’est bien Ici, dans l’Ain, que la bagarre (le Tour ?) allait se jouer. Malgré les huis clos imposés dans les ascensions, l’étape pharaonique tant attendue, avec un triptyque dit de la Pyramide de Bugey et le Grand Colombier en point d’orgue, n’aura pas déçu, tout du moins pour la vue…

Le Sud des Alpes, les Pyrénées, le Massif Central et bientôt le Jura et les Vosges… Une virée dans les Alpes plus nordiques s’imposait, avec ces grandes étapes que le Tour nous concocte avec délectation. C’est chose faite avec le premier des quatre volets prévus dans le coin. Premier étage de la fusée, 174,5 km dans le Rhône, l’Isère et surtout l’Ain, pour un final de toute beauté.

La face cachée du Colombier

Avec les cimes en point de mire, le peloton glissait une centaine de kilomètres sur un tracé parfaitement plat. Une fois quittée l’agglomération lyonnaise, les courbes du Bugey s’approchaient à grands pas et avec elle les trois morceaux de choix peaufinés par les organisateurs, un triptyque digne des grandes étapes alpines. La mise en appétit guidait les grimpeurs en haut de la Selle de Fromentel, classée en 1ère catégorie, avec un mur final exceptionnel et unique à 22 % ! 600 mètres plus bas, il était temps d’attaquer le plat du jour, le Col de la Biche, avec là encore des passages à plus de 10%. Là-haut, à 1325 mètres, le sommet dévoilait une vue imprenable sur la vallée. Dans la bascule, raide et technique, les agents du Département de l’Ain avaient sécurisé la route avec des matelas jaunes (utilisés pour le Tour de l’Ain), signalant notamment ces barrières canadiennes, qui contraignent habituellement les troupeaux de vaches. Arrivés à Culoz, le Roc du Jura se dressait face aux coureurs. Sonnait alors l’heure du dessert avec, cerise sur le gâteau, l’ascension finale vers le Grand Colombier, emprunté par son versant classique et « un peu moins pentu » (17,4 km à 7,1% de moyenne), avec tout de même plusieurs secteurs à 12% et un raidillon pour démarrer. Il y a fort à parier que, le nez dans le guidon, tous garderont un souvenir impérissable de cette journée, avec en contre-plongé le lac de Bourget : « Ici, c’est l’Ain », impossible de l’oublier !!

Pogacar Petit Prince du Colombier

Le départ réel donné, à quelques encablures de l’aéroport Lyon – Saint-Exupéry, se dressait une statue à l’effigie du Petit Prince. Entre magie et allégorie, l’ouvrage le plus traduit au monde allait vraisemblablement inspirer les coureurs du peloton… Renouant avec la créativité qu’on lui connaît, le baroudeur de la BB Hôtels nous a gratifiés du désormais célèbre « Attaque de Pierre Rolland !!! », faisant la course en tête durant une bonne partie de l’étape… mais l’opposition tant attendue se jouait ailleurs. Un duel entre Slovènes et Colombiens au Grand Colombier. La bataille tournera vite à l’avantage de ceux qui, depuis les cols des Pyrénées, impressionnent. Le train jaune des Jumbo assomme les adversaires du Maillot Jaune dès le pied de l’ascension finale : le vainqueur sortant du Tour, Egan Bernal, s’effondre. Ses compatriotes Nairo Quintana et Rigoberto Uran lâchent prise. Adam Yates tente bien un dernier coup de filet, mais les Slovènes déroulent. On en oublierait presque les pourcentages dantesques avalés aujourd’hui… Tadej Pogacar, à tout juste 21 ans, grave une nouvelle fois son nom sur un sommet, après sa victoire il y a tout juste une semaine à Laruns. Comme quoi, dans les Pyrénées ou dans les Alpes, c’est toujours la jeunesse qui l’emporte !

 

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