Entretien des routes : les départements maintiennent leurs efforts d’investissement

Selon le premier rapport de l’Observatoire national de la route (ONR), les départements ont réussi à maintenir leurs dépenses d’investissement sur leur réseau routier, malgré des budgets contraints. Mais les dépenses de fonctionnement, qui couvrent l’entretien courant comme le fauchage ou la viabilité hivernale, sont en diminution constante depuis 2013 et atteignent des niveaux préoccupants dans certains départements de taille moyenne, alerte l’Observatoire.

« Malgré la charge financière croissante des dépenses d’allocations individuelles de solidarité que connaissent les départements, on constate que globalement, il n’y a pas eu à ce stade de décrochage des dépenses d’investissement courant sur les routes départementales », constate l’Observatoire national de la route (ONR) dans son premier rapport publié le 8 novembre. « Les éventuels arbitrages de baisse affectant cette voirie [ont] plutôt porté sur les investissements lourds que constituent les grands travaux », ajoute-t-il.
Piloté par l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), l’Observatoire, qui a été mis en place en janvier 2016, vise à mieux connaître l’état du patrimoine routier, qui comporte aujourd’hui 12.000 km de routes nationales, 377.000 km de routes départementales et 673.000 km de voirie communale et intercommunale. En s’intéressant aussi aux moyens consacrés à l’entretien du réseau routier, il entend aider l’Etat et les collectivités à mettre en œuvre des politiques de gestion durables.

Un échantillon de 57 départements

Ce premier rapport s’appuie sur les données publiées par l’Etat sur le réseau routier national – en ne prenant en compte que les dépenses comptabilisées pour son entretien et son exploitation – et sur des informations recueillies auprès d’un échantillon de 57 départements de différentes tailles représentant 60% du réseau routier départemental. Par contre, pour des raisons de calendrier, les données issues du bloc communal n’ont pas pu être incluses dans cette édition et le seront dans la prochaine, fin 2018.
Concernant les dépenses d’investissement, l’Observatoire note « l’effort très net de l’Etat de régénération de son réseau, faisant suite à une prise de conscience de forte dégradation potentielle de celui-ci ». Mais malgré les plans de relance successifs, il est simplement revenu aux niveaux d’investissement de 2010, relativise-t-il.
Les dépenses de fonctionnement hors personnel du réseau routier national, qui recouvrent les dépenses d’entretien courant (curage de fossés, nids de poules, fauchage, etc.) et les dépenses d’exploitation comme la viabilité hivernale, sont plus de dix fois plus élevées au km que pour les réseaux départementaux, ce qui s’explique notamment par le niveau de trafic (23 fois supérieur en moyenne aux réseaux des collectivités, avec une forte densité de poids lourds) et les contraintes d’exploitation. Mais ces dépenses sont en baisse assez nette, souligne le rapport, ce qui, mis en regard de l’augmentation des dépenses d’investissement traduit un gain de productivité.

Baisse continue des dépenses de fonctionnement hors personnel

Pour les départements, la baisse de ces dépenses de fonctionnement est continue depuis 2013 et s’avère plus marquée que pour le réseau routier national. Elle concerne tous les postes : les fournitures (notamment le sel pour la viabilité hivernale) mais aussi la part de travaux confiée aux entreprises sans oublier les frais généraux. Toutes les strates de départements sont concernées par cette diminution des dépenses mais elle atteint un niveau particulièrement bas pour ceux de taille moyenne (entre 250.000 et 500.000 habitants). Cette tendance « doit amener chaque gestionnaire à s’interroger jusqu’où il est possible de comprimer cette dépense sans remettre en cause la mise à disposition des équipes d’intervention des moyens minimas indispensables à leur travail quotidien », alerte toutefois l’Observatoire.

Bonne connaissance du patrimoine

La deuxième partie du rapport est consacrée aux méthodes de gestion. Pour les départements, l’Observatoire constate qu’ils ont tous mis en place une hiérarchisation de leur réseau pouvant se résumer en trois niveaux – réseau structurant, réseau principal, réseau local -, avec parfois des sous-niveaux. Le réseau structurant représente environ 15% de leur patrimoine et le réseau principal de l’ordre de 21%. Pour les chaussées, les principaux éléments disponibles concernent l’état de la surface, les déformations constatées ainsi que la fissuration. Mais « ces éléments quantitatifs et qualitatifs sont issus de méthodes de relevé, principalement visuelles, qui posent des questions sur la comparabilité des données observées », pointe le rapport. Les éléments d’adhérence, de déflexion et d’uni sont relativement bien connus avec une méthode automatisée privilégiée, poursuit-il. Les périodicités de mesure sont en moyenne de 3,5 ans avec un pourcentage de réseau couvert moyen de 50 à 60%. Pour caractériser l’état technique de leur chaussée, 57% des départements utilisent un indicateur consolidé.
Pour l’Observatoire, « la disponibilité des données et les méthodes de gestion utilisées par l’Etat et les départements révèlent que les politiques de gestion sont basées sur une bonne connaissance du patrimoine ». Mais il souligne aussi l' »hétérogénéité des données disponibles et des méthodes entre les différents gestionnaires routiers ». « Un travail doit donc être engagé pour permettre la comparaison de toutes ces données entre chaque gestionnaire », conclut-il.

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